Je suis occupée
mon moi, immeuble de 100 étages
est rempli de la cave au grenier
pas un espace n’y est vacant
même les marches d’escalier
ont leur content de jambes lasses
de descendre ou de grimper
Je suis occupée, mon temps dévore
tout l’espace, s’infiltre dans les interstices
dilate ses secondes, darde ses aiguilles
crochette mes pensées
mes mains s’agitent, mon corps avance,
je m’affaire, je bouge, je marche, je cours
Regarde, pas un instant ne reste dans
le sac à répit, pas un temps je ne te regarde
mais je te parle, je te le dis
je suis occupée de choses graves
lourdes, conséquentes, assurées
sans cela la planète se roule
dans un bazar indompté
sans cela la main du temps se pose sur mon épaule
et me crie l’urgence, le retard accumulé,
le mieux à faire, le plus rentable
ce qui remplira mon coffre, mon compte en banque
mon livret d’épargne, mon assurance,
mes droits d’auteur et la reconnaissance
de mon comptable
Tu le vois bien, je ne peux pas te garder
pas te parler, quelle importance
c’est une posture assumée
tu sais, tu devrais plutôt prendre
ta vie à deux mains, et le taureau par les cornes
tu devrais te ressaisir te remettre sur tes pieds
ouvrir les yeux sur la réalité, travailler
mettre du cœur à l’ouvrage, participer
tu devrais t’occuper…
J’ai occupé l’espace, dispensé mes phrases,
construit des pyramides d’images,
occupé cent étages,
rempli toutes les cases,
renommé le monde animal,
rempli une nouvelle bible
de mon écriture illisible
– ce qui n’est pas banal –
J’ai toujours queq chose à faire,
courir après les courants d’air
( et j’ai toujours l’art
de tout mettre en bazar ) .
Je triture la matière brute,
découpe les minutes,
mais les heures me rattrapent
à la prochaine étape :
je ne sais où donner de la tête,
rien ne m’arrête…
et si je souffle un instant
le monde s’en va en courant :
je peux donner l’alerte :
sans moi, il court à sa perte…
– que faire de tout ce fatras ? –
de toute façon, il me rattrapera…
–
RC
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Merci, Rechab, pour ce joli écho 🙂
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