Le corps de la femme appartient au poète
qui se repaît de mots drus
confondant souvent son désir cavalier, dominant et grégaire
avec l’audace et le droit d’exposer seins, matrice
cuisses, ventre de l’aimée aux moins regardants
Souvent la femme qui ne veut célébrer
sa façon de pénétrer l’intime, le moment
de la crucifixion du plaisir qu’en laissant affleurer
seulement un peu du mystère du corps de l’autre
est jugée fade, enhardie de la seule volonté de faire du beau
Mais si je réduis l’homme que peut-être j’aimerais demain,
à la seule façon sauvage et ambigüe qui m’appartient,
à un fessier orgueilleux, à un membre nommé
de mille façons, à une chorégraphie savante
que dirais-je de plus de ce qu’il est
que dirais-je qui intéresse le verbe, qui touche autrui
qui soit poésie plus réelle
que lui ôterais-je peut-être en croyant le vêtir ?
Quel simulacre de pensée mettrais-je en vers ?