L’automne te ramène à ma mémoire
chaque année obstinément
comme une marée obscure
qui ne veut pas reculer.
Cris, mâchoire fracturée,
mains serrant une vie qui t’échappe,
doigts crochés à mon poignet,
avides.
De toi, il paraît que j’ai le sourire
et un regard espagnol.
De toi je garde, encadré,
un dessin racontant la guerre
mais de ta guerre, nul ne t’a sauvée,
toi, mère.
Chaque année, ma mémoire se troue,
fuit les dérives calendaires,
ni dimanche ni lundi ne sont plus
le temps a fui puisque tu as perdu
entre de méchants murs
ton innocence grégaire
et ton souffle doux et ténu,
toi, mère.
Je sais l’impudeur de ces mots
l’oubli comme des vases clos
sied bien mieux à certaines misères
mais depuis des années que je tends
à travers la mienne, ta main d’antan,
il fallait quelque jour que je te rappelle,
toi, mère.