Ils marchent avec moi
nous usons nos semelles dans la même vague
j’ai beau fuir, ils sont là et je suis là pour eux
nous sommes les marcheurs silencieux
Cela fait très longtemps que chaque pas écrit la terre
martèle de colère ou frôle en passant
Chacun regarde l’autre et puis suit son chemin
qui n’est pas plus à lui d’ailleurs qu’à un autre
Ils marchent avec moi
Une invisible trace creuse le bitume
Quelquefois une empreinte dans le goudron frais
raconte l’histoire de Paul, de Julie ou d’Amir
40 ans, 75 kilos, fatigué ou heureux,
qui sera lue dans 500 ans
quand mes pas m’auront portée
de l’autre côté des rêves
ou jusqu’à l’oubli de mes descendants
Ils marchent avec moi
J’imagine la musique de nos cœurs
cymbalant sans repos
L’un fredonne, l’autre regarde à ses pieds
je marche toujours le front haut et je tombe parfois
mais toujours me relève, un pas après un autre
jusqu’à ce que la nuit m’échoie