Je l’ai nouée férocement, chauffée à blanc
large pont incendié, herse levée
pointe couchée comme un chien fatigué
Elle attrape languissamment quelques
petits mots obligeants, mouches de sons
étriqués, monosyllabés, pattes collées
Il lui faudrait de l’eau de mer
marin frottant à grandes manches
son grain usé d’un peu d’amer
Il lui faudrait quelque amnésie
pages arrachées, ratures, fourmis
d’encre dessinant des rivières
de mains jetées sur les misères
C’est d’un peu de cacao roux
de miel ombré d’automne doux
que j’ai lissé ma langue terre
où poussent de petits cailloux