Ni maître, ni maître

Maître à penser, maître à lire, maître à dorer de la renommée

Maître à danser, maître à huiler la pente déjà glissante des idées

Maître à compter au grand boulier, une à une les noires et les blanches

8 pour toi, tu vas tomber, 4 pour moi, je vais rester

dans l’estime du maître à donner un avis docte et assumé

Maître à broder, point suturé, dans ta cervelle un chemin  d’écolier

Maître à redresser tes bretelles, maître à ceinturer les donzelles

pour qu’elle se tiennent droites comme des i

Maître à contrôler les plis du pantalon

Maître à rimer plus vite que de raison

Maître à clôturer les moutons à l’intérieur d’une maison

Maître à mettre les grands frissons en petits tas sous les paillassons

Maître à curer sous les ongles les ombres de la sédition

Maître à ruminer, bien sages, de l’amour en contrefaçon

Mètre à mètre, marche à marche, pas à pas, barreau à barreau

Mettre en dehors sa tête  et respirer l’air tout là-haut !

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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2 commentaires pour Ni maître, ni maître

  1. Le Maître, tant que la liberté existe de lui rentrer dedans avec une certaine détermination, est supportable. Sinon, le pousser dans les orties. Bravo, Colette !

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    • Phédrienne dit :

      Bonjour Gilles, j’avoue que ce que je lis à cet égard, entre complaisance et flagornerie, me hérisse le poil ! Être aidé pour avancer, oui, mais pas le dos courbé. Vive les gens qui finissent par avancer tout seuls 🙂 !

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