Je me mets de côté
les mains derrière le dos
comme un vieux japonais
marchant
Je n’aime pas les poèmes d’amour
j’ai toujours détesté leur voix
qui pose dehors ce qui devrait
être tu si bien
C’est plus fort que moi, je goûte peu
ces mots
qui font bien trop de bruit
qui se payent des tenues
qu’ils ne méritent pas
qui vouent à l’immortalité
un culte que je ne lui rends guère
Alors, je me mets de côté
sous le grand ciel
qui prend ses aises
Je n’ai pas besoin de falaises
ni de grands champs, ni de labours
ce qui se défriche, ce qui s’assèche
ce qui se cache sous le grand dais des jours
n’a pas plus d’importance
que le tintement d’un pas sur un trottoir de ville
Alors je me mets de côté
je n’applaudis à rien
je goûte tant de choses
assise tête levée, offerte au vent
j’écris si peu, si peu maintenant
que ma mémoire se délivre
et se rénove doucement
La vie est ailleurs que dans mes livres
qui sont de lourds vêtements
lorsque j’oublie la main qui me délivre
du ronronnement du temps.
Alors, je mets tout de côté.