Je te tends mes poignets pour que tu me hisses bien haut
sur les toits du monde
où les voix seront infécondes
et tournera la ronde des géants
Vois
dans mon œil droit cet iris d’ébène
mydriasé d’avoir trop chéri la lumière
regarde comme il prend de la nuit
sa soif de fuir, du jour, l’excès du bruit
Chacun, de ses rêves, tend
à chercher derrière l’inéluctable
à gommer les déserts
à trouver des coupables
à s’unir
Mais je ne veux plus aujourd’hui de l’homme
que son bel esprit
même si ma chair n’est pas coupable
d’aimer goûter à tous les fruits
Sous les grands arbres impavides
là où le vent se tord le col
ce qui s’entend bien, c’est la vie
le grand marque-page des frondes
J’y suis comme la feuille
avant qu’elle ne tombe de l’arbre
J’y suis blottie