Marcher de nuit manteau glacé plaqué au ventre
Faire sonner le trottoir gelé
Goûter longuement le ciel qui chavire
entre indigo et violet
Les trottoirs se hérissent de quelques promeneurs
les réverbères livrent leurs fantômes
dont les ombres s’étirent, difformes et muettes
Au creux des porches, sur les bancs,
des solitaires attardés frottent leur dos un peu usé
et leur regard se noue parfois à vos épaules
Le souffle de la ville, attentif et fécond
murmure sa plainte que le vent réveille
la rue semble ne pas finir même si au loin
la promesse d’un toit sommeille
Marcher de nuit quand tout est clos, suspendu
que je peux rêver que tout a disparu de la fièvre
et du bruit, de la batterie fracassante des êtres
empressés et fuyants, que le jour réunit
Marcher de nuit, le plus lentement que je peux
avant qu’elle ne me repousse
comme elle abandonne sur le seuil du matin
tous ceux qui l’ont aimée en vain …