L’avez-vous remarqué ? L’égalité, le refus de l’élitisme, le refus de la sélection, la vie pour tous au même niveau, tout cela fonctionne en théorie dans les cerveaux (toutes tendances politiques revendiquées confondues), sauf lorsqu’il s’agit de production artistique ou intellectuelle. Là, comme par miracle, les défenseurs d’une insidieuse forme de hiérarchie mettent leurs bons sentiments dans leur poche et vous ressortent avec aplomb la théorie du vrai et du faux, de l’amateur et du professionnel, de la légitimité (mais qui rend légitime ?), de l’excellence (qui en juge ?) et de la médiocrité (le médiocre étant quasi toujours l’amateur, l’autodidacte, le non couronné, mais apprécié sur quelles bases ?). Sans oublier le statut supposé à part de l’artiste ou de l’intellectuel, subitement isolé de la foule (tant aimée par ailleurs) par un second miracle messianique, celui-là, et qui flotte au-dessus des autres, son aura bien vissée sur sa tête. Je pousse un peu la caricature mais depuis l’émergence du net qui a donné la parole à une immense foule de muets et amorcé un changement qui au fond en gêne beaucoup, je me demande si la société mesure le sens de ce que pourrait (devrait) être une égalité, laquelle, pour moi, ne peut se mesurer simplement en matière de compte en banque ou de droit au logement, ni même ce droit à la culture strictement entendu dans un sens consumériste. Pour moi, l’égalité s’entend aussi dans le domaine de la création, dans son sens le plus large. Et là, oui, ce serait une révolution ! Vive l’utopie, vive la République créative !