Toi et moi savions qu’aucun langage n’est sucré
l’esprit à vif, la chair ulcérée
tout ce qui ne se dit pas mais se vit
aussi fortement que l’arbre pousse ses racines
s’interdit, je le crois, des images léchées
Nous avons donc trempé nos langues dans un fleuve fauve
pour crier la vérité de ces instants
qui se sont perdus là où tout devient hier
Je laisse à ma droite ces cairns de pierre où de plus zélés
piocheront les blanches traces de leur vie
Sur le sentier que j’ai choisi
les fleurs sont laiteuses et le matin éclaire
la grande mer des non-dits
Rien ne s’y tisse, tout se perd
à peine un nouveau pas franchi
et le monde alors chante de toutes ses voix