Dans la rue sa tête douce s’est penchée
boucles dardant sous le bonnet
teint de lumière, yeux follets
et sa bouche, fleur de bruyère
embrassant les deux doigts posés
Je marche près de mon passé
La terre est dure, la grande rivière
des colères baigne les pavés
Sur mes tempes mes mains pressées
bouchent l’estuaire de mes pensées
Derrière cette femme, cette mère
je marche près de mon passé
Quand mon grand trot de folle cavale
se meut en pas bien mesurés
que je cherche à retrouver
quelque tiédeur, quelque jonchée
de sourires sans anicroche
je marche près de mon passé
Ses lèvres sûres ont picoré
sur la joue du petit posé
contre sa hanche pour marcher
un quart de tendresse sucrée
J’ai eu si envie d’en goûter
je marche près de mon passé
D’hier à demain que j’ignore
mais qu’il me tarde de presser
dans ma main comme un beau bouquet
je suis en chemin d’initiée
femme ou enfant, même parole
il me faut apprendre à aimer
.