Quand je me réveille, je vais saluer le matin, même quand il a une tête d’ivrogne assommé d’alcool.
Mais depuis quelques temps, quand je regarde par la fenêtre je vois aussi les dos. Toute une série de dos.
Un dos orange, un peu courbé, balaie la petite place.
Un peu plus loin au rez-de chaussée du magasin qui s’est ouvert, un dos gris le copie sur les marches du grand escalier.
A l’étage, des dos bleus et blancs dessinent un liseré de travailleurs.
Un dos sème des fruits et légumes dans des corbeilles, un dos range le pain, un dos verse des seaux de glace sur l’étal du poissonnier, un dos tracte des cartons fermés sur un charriot, un dos range des boîtes dans des armoires.
Encore au dessus, de petits dos époussettent et nettoient dans les bureaux vides.
Un seul dos regarde sa montre et se tient droit : c’est le dos surveillant.
Cela me fascine comme lorsque, enfant, je regardais les fourmis s’agiter.
Cela fait partie maintenant du quart de ciel qui m’est réservé.
Alors, face à ces dos, je fais un petit signe amical qu’ils ne verront pas. C’est que ce sont des dos courageux, et moi, le courage, j’aime ça. Et sûrement des dos qui aimeraient bien être ailleurs, et je les comprends bien.
J’ignoré ce qu’en pense le ciel, surtout lorsqu’il feint de ne pas se réveiller du tout, comme ce matin.
Joli texte mais j’ai peur que ça me donne mal au dos. Le mien va être dos au siège, légèrement courbé sur mon clavier et personne pour l’admirer.
Bonne journée
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