Si tu étais transparent, une fine feuille de vent
quelques miettes d’air soufflées dans mon cou
une ombre légère posée sur mes genoux
je t’oublierais
Mais je te vois
dans la densité de tes attentes, je te vois
occupant la savane des villes
ta maison ouverte sans toit
Mais je me vois
dans la futilité de mes sourires
arpentant à grands pas ces rues
qui sont les mêmes pour toi et pour moi
Dans le vent qui disait hier l’urgence de
s’enfouir
dans des couches de chaud, des strates de
bras tendres
je nous ai vus tous deux et ton regard étrange
a répondu au mien, silencieux
Mais je te vois mon âme
décentrée en cercles clos où chaque pas
dit le contraire d’un rêve, d’un fraternel élan
d’un écho
Mais je te vois, toi qui étais un fils, un père,
un frère d’armes, un alter ego
Handicapés du cœur, handicapés du temps
handicapés du rire, handicapés par nos tourments
qui sommes-nous, nous qui ne ressemblons guère
à ce qui pourrait faire de nous
des hommes fiers …