La petite, si petite
coincée entre deux lisières
crie dès que le matin
entrouvre ses paupières
A peine ses boucles mêlées
entre ses petits doigts déliés
elle crie, elle crie comme un loup fier
la petite d’à côté
Son père m’a dit que sa gorge bloquée
par trop de langues passagères
refusait encore de parler
Ses racines ont fermé sa bouche
plus sûrement qu’une prison
ni française ni autre, sans souche
que crie donc la petite
si petite et si emmurée
dans le silence qui l‘étouffe ?
Et quand elle pourra parler
jeter pêle-mêle sur la chaussée
sa maison bien à elle
ses jardins enchantés
quel premier mot dira
le quelque part où elle habite
et que nous ne comprenons pas
La petite, si petite
qui crie quand le jour est là …