Sans autre traçabilité que ton visage
la forme de tes paumes
l’arrondi de tes genoux quand tu t’assois
Dans ta voix ne germe aucune racine
ton palais transporté à dos d’homme
bâille à tous vents
havresac, baluchon, valise,
Es-tu là depuis longtemps ?
Jamais je ne t’ai demandé où habitait ton père
Jamais je n’ai regardé la couleur de tes joies
Je suis, sur l’entrelacs de tes veines,
une histoire qui se conte de toi à moi
une chanson bien plus ancienne
que la ligne de ce toit
Longtemps après que nos chevelures
auront dénoué leurs artifices
chacun, regagnant son désert,
cherchera l’eau dont il a besoin
J’aurais voulu qu’à la table de mon père
s’apprenne l’art d’être humain