Je me demande combien de temps l’homme a mis à apprendre à écrire. Quel patient travail il a fallu pour que sa main apprenne ce geste, le dompte, que son cerveau connecte ses pensées à son poignet. Combien de temps il a attendu que de merveilleuses pensées abstraites prennent le pas sur ses besoins primitifs : boire, manger, dormir, ne plus craindre, aimer.
Comment, patiemment, il a rempli sa besace de mots pour qu’elle s’agrandisse comme une peau de désir. Alors, ne comptez pas sur moi pour réduite toujours plus mon propre vocabulaire déjà trop étroit, ne comptez pas sur moi pour des phrases à trois mots. Si mon ru devient un jour un courant large, alors je n’aurais pas œuvré en vain. Si tout cela se tarit, peut-être que la trace humide sur le sable tracera un beau dessin. Si le langage a une fin, j’aimerais bien faire partie des retardataires et des obsolètes. Un scribe réfractaire, une glaneuse de mots pas tout à fait éteints.
Il y en a qui ne savent toujours pas, Colette, alors ils et elles dessinent !
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Pour moi, le dessin est un langage complet et bien plus ancien, Gilles :).
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