5 ou 6 pages à l’heure. 21000 caractères, espaces comprises. Non, espace en typographie n’est pas du genre masculin. Parfaitement, c’est comme ça, on dit une espace. Est-ce que vous avez un diplôme qui me prouve vos qualités ? Non monsieur, même pas, il va falloir me croire sur feuille, m’accorder votre confiance, me faire crédit. C’est cher ? Non madame, pas tant que cela, réfléchissez au temps que je prends pour vous livrer un travail en bonne et due forme et pendant ce temps-là, la vie galope et mes créances aussi. Tout le monde sait écrire ? Mais, monsieur, vous vendez des gâteaux chers, n’est-ce pas, j’ai regardé vos tarifs sur votre site, pourtant, qui me prouve qu’ils sont meilleurs que ceux que ma défunte mère fabriquait dans le secret de sa cuisine ? Je dois les goûter ? fort bien, mais me les donnerez-vous pour cela ? Non, il faut que je vous les achète, vous voyez, nous sommes assis sur cette fameuse longueur d’ondes qui est censée rapprocher les gens de bonne compagnie.
Est-ce que ce sera parfait ? Hélas, non, messieurs-dames, je crains bien que l’invention de l’écriture se soit passée d’une telle absurdité. Toujours frayant son chemin, l’écriture se modifie à l’usage, trébuche et se nourrit des inventions et parfois des irrespects de certains. La tarte tatin de l’écriture, c’est le jeu de mots, le mot qui valise, le verbe qui dérape, la transcription fautive et parfois, il en surgit des merveilles de drôlerie. Et puis, je ne suis pas une machine, ni un dictionnaire.
Pourquoi corriger alors ? Parce qu’il faut se comprendre et être compris, et que parfois il y faut l’aide d’un autre, tout comme si je souhaite, monsieur, honorer mes invités d’un gâteau meilleur que ceux de ma mère, je ferais appel à vos bons soins. Je ne doute pas que vous me conseillerez selon les goûts que je vous confierais alors, plutôt que me vendre un produit lambda. Et peut-être serais-je déçue néanmoins. Eh bien, voyez vous, je n’en use pas autrement, tentant l’exercice périlleux de me fondre dans votre cerveau, de saisir le rythme de votre langue et si je peux, d’y apporter ces plus qui la rendront flexible, d’en éliminer autant de scories que je sais en repérer.
Le sans-faute, vous savez, voudrait dire que notre langue est morte, qu’aucun chemin de traverse n’est possible. Il s’absoudrait des querelles qui agitent le petit monde des grammairiens et de la guerre des virgules, des majuscules et des us. Il figerait dans la pierre ce qui ne demande qu’à vivre. Ici, vous trouverez une aide et un appétit joyeux pour ce qui contribue à nous faire frères : écrire dans l’intention de transmettre quelque chose, et l’améliorer si on le peut.
C’est à cela que je sers et à rien d’autre que je prétends.