J’avais un ami

J’avais un ami qui aimait les poissons

tout ce qui portait nageoire était pour lui

supérieur aux passions

dont d’autres auraient tiré gloire

Le jour il était chef de gare

la nuit il prenait hameçon, canne, filet, et saucisson

et se mettait en faction

sous l’œil de gros hannetons

Un autre empilait des soldats

plus petits qu’une phalange

les peignait un à un, les mettait en légions

sur les étagères de sa maison

Un autre encore peignait des femmes encordées

ficelées de belle façon

ligotées de la tête au tronc

avec leurs seins de sirène

Il y en avait plein son salon

Et moi qui ne sais rien faire

à part laisser les mots partir

dans ma bicoque où le vent sème

un peu de fantaisie au pire

je ferais bien une collection

de soupirs, du silence à la pâmoison

je ferais bien un tas de frissons

un tas de grâce docile

pour les jours où la colère

me monte au front

 

 

 

 

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
Cet article, publié dans Les poésies de Colette, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour J’avais un ami

  1. Jean-François Mathé dit :

    J’aime ce poème à l’humour délicat, moi qui comme vous ne suis pas collectionneur. On pourrait le penser à voir le nombre de livres amassés sur mes étagères, mais cela n’a rien à voir avec la passion de la collection. Ils sont venus là, un par un, coup de cœur après coup de cœur, sans savoir qu’ils constitueraient un ensemble. Ils ne sont pas des objets (je ne suis pas bibliophile), mais des êtres vivants qui laissent ou ont laissé partir leur mots vers moi. Mes préférés me parlent encore même fermés et me montrant leur cul sur les rayonnages. Pour conclure, je suis même trop timbré pour être philatéliste !
    En pensant bien à vous, Jean-François

    J’aime

    • Phédrienne dit :

      J’ai longtemps nourri des rêves de bibliothèque, mais je les ai abandonnés. Je préfère de beaucoup l’idée d’un livre voyageur et d’un lecteur qui ne se sépare jamais de la vie, ni de la sienne ni de celle d’autrui. A bientôt Jean-François.

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.