Certains combats te fuient parce que tu te souviens du jour
où dans le grenier de ton père
tu as trouvé un emblème qui ne te ressemblait pas
C’était un enfant d’avant guerre, né au-delà du Rhin
c’était un fils de Wagner, un petit-fils de terre-neuviens
il paraît même que bien plus loin encore d’autres portent ton sang
Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Alors tu as rangé la croix que tu ne voulais pas voir
poussée au fond du tiroir et tu as voulu regarder
les yeux d’un jeune type qui ressemblait à Sartre
sur sa carte d’identité
Je suis un fruit comme tant d’autres,
Je ne porte pas de lignée
mais une partition croisée de plusieurs rythmes
Je ne lance pas de cailloux, pas d’anathème, pas de cri
depuis tout ce temps je réfléchis
à ce que peut devenir un homme
le même qui berce tes nuits, qui nourrit
ton ventre, qui tient tes premiers pas
le même qui fera un choix
qui fera rupture et genèse
d’un exode qui s’opère sans bruits
Certains combats te fuient parce que tu te souviens
que tu ne pardonnes pas souvent
et que pourtant la vie t’apprend
que l’autre n’a jamais eu ta vie
que tu ne comprends rien à ce qu’il te dit
mais qu’un peu de chemin ensemble
est plus vrai que tous les contes
qui te réveillent encore la nuit …