C’est un quai où plus aucun bateau ne s’arrime
L’eau y feint, plus lente qu’ailleurs,
de lécher la pierre malgré tout
mais je sais bien qu’elle n’y met pas de cœur
J’aime tant les endroits qui ne mènent nulle part
où l’herbe précautionneuse s’invite
à côté d’un vieux lézard qui, lui, est revenu de tout
que je partage avec eux la légende du salpêtre
et de la rouille
le dos timbré à l’enveloppe du mur
Le quai m’enveloppe de ses bras durs
ma cale sèche lui sied tant qu’il guette avec patience
la dislocation de mes parois intérieures
Pêcheurs, femmes perdues, orphelins de misaine,
peaux léchées jusqu’à l’os
tout est narcotique et poison
Le temps envoyé par le fond
s’accroche à quelques algues dociles
Le lézard attend sagement
que mes jambes repoussent
pour que je m’éloigne de lui…