A chacun sa fiction
La mienne se dépulpe, heure par heure
épluche toutes ses peaux rangées sagement
dans le tiroir de l’histoire
Allons enfants, de quel pays sommes-nous donc les petits ?
Sur le trottoir, enlaçant ma taille, mes épaules
courant en vent léger autour de moi
toutes les langues du monde content
La palabre chauffe la cime des grands arbres
dont les racines baignent dans des monceaux d’ordure
Quel pays est-ce là ?
Le jardin de mon enfance, tissé des colères de mon père
parfumé de ma solitude précoce, acide de tomates et
de fraises oubliées, pommiers asphyxiés de fruits verts
cerisiers d’abondance, herbe pressée
échappe aux pas de ces gens sans ancêtres
à qui cette terre oublie de parler
.Parlez-leur d’amour, c’est l’urgence qui presse
c’est l’appel que j’entends à longueur de journée
Prends ma main, ma mère, arrête de crier
Soutiens mon bras, mon frère
je suis si fatigué
Alors mon moi qui fonctionnait à perte
autour de mânes égarés
peine a ouvrir un grand cercle
pour élargir ses idées
10 ans suffisent sans grand peine
à vous faire autre que vous-même
à vous changer