Deux femmes suaires
deux femmes ossuaires
une trottinette rouge à la main
rouge du sang caché de leurs veines
du stigmate de leur sexe
oblitéré par le tissu
« Monte sur le trottoir, Lulu ! »
L’enfant, bègue et maladroit
dépossédé de son royaume
oublie la route-fleuve
où des hippopotames
nageaient lentement
L’écrasante horloge de quatorze heures
fustige les ombres des arbres
Une longue dame blanche
blanche marquise aux pas menus
cou levé vers l’antipode de ses rêves
glisse sans fin
Te souviens-tu ?
Je t’écrivais que rien n’attend
Depuis, je marche sur des routes
que des bras anonymes ont tracées
si anonymes que pas un mètre de bitume
ne se souvient de la sueur qui l’a baigné
Depuis, je porte sur mon dos
tous les baisers que je n’ai pas donnés
Pour peu que le vent se mêle
de les faire voyager
Pour peu qu’un seul d’entre eux saigne
ton cœur pour plus de sa moitié