A moi tu raconteras l’odeur des matins
quand les bois s’ébrouent
le départ calme de la lune
l’émoi de la nature en éveil
mais c’est la vie que je réclame
la vibration des pas sur les sentiers mouillés
la pluie cinglante, la glace, le frisson
être drossée de vent jusqu’à trouver le bout
de la terre
Aucun de tes mots ne pèse plus que la feuille
ramassée
le dos ployé de soleil à force de marcher
Dis, ne me rêve pas, prends le temps que je te donne
quand la ville cesse de mâcher, heure après heure
mes os et mon ventre et qu’un petit arbre perché
sur le rebord de ma fenêtre
rêve comme moi à son pays perdu
Je suis un matelot sans port
pourtant un sac garde cachées
quelques hardes, un carnet de bord
il suffira que ce soit un beau jour pour partir
et si ce n’est toi, je suivrai
l’odeur des trains et le cavalier du sort