Chaque fois que je marche dans la rue
je tends la main à un ancêtre
et à un homme qui viendra après moi
Ceux qui respirent savent bien
que nous ne sommes pas faits
pour vivre dans des caves vides d’air
des perchoirs bétonnés
des cages réfrigérées
où le cœur ne fait pas écho
« Restez chez vous ! » crient des édiles
que leur piscine privée attend
« Ne souillez pas nos plages avec vos
corps malodorants oints de mauvaise graisse ! »
Alors, les ombres et moi marchons hardiment
Nous partons relever les traces
Nous pistons l’odeur de l’humain
Dehors, car c’est dehors
que le soleil nous dresse
dans nos vêtements de sueur
Quelques arbres exténués de leur veille millénaire
offrent à notre fatigue leur asile bienveillant
Ailleurs le pavage dissout les semelles
mortifie les rêves du marcheur
Qu’importe !
L’herbe résiste, la fleur s’arcboute
L’homme effondré de sommeil sur le banc
refuse de rentrer chez lui
Je marche, je marche
Je suis le chasseur-cueilleur
qu’aucun esprit n’effraie
g