Le petit chien de 17 h promène une femme fatiguée
qui regimbe à suivre la laisse et soupire quand le chien aboie
Tous les jours, je les vois, formant un couple solide
lui devant, elle traînant sa jambe moulée dans un pantalon blanc
La fenêtre m’interroge sur ma capacité à rester
séparée de la vie par 8 centimètres de verre
tous les jours regardant ces images figées
quatre hommes sur un banc
le trottoir chauffé à blanc
le danseur ivre dont les mains
cherchent en vain une taille légère
pour danser à sa manière
Quel diable me pousse à répéter
ces gestes qui ne me sont rien ?
Parfois je me dis que le petit chien
s’efforce en vain de briser sa chaîne
pour courir libre et sans freins
courir comme un chien
Et si je partais courir à mon tour
courir à incendier mes poumons
à fouler mes propres lambeaux
mécanique, muscles et tendons
rotules, nerfs travaillés de foulée sportive
cinétique de répétition
qui me regarderait partant
sur le sentier de ma guerre ?
Quel humain je serais, courant ?