A l’arrivée, toutes les ondes avaient disparu.
Ensuite ont disparu les lumières, et puis quand le moteur s’est tu
avec lui tout bruit a chu dans un coin de ma mémoire qui
s’en est trouvée très bien
En zone blanche la nuit est si noire que l’idée même de couleur
n’affleure point
Il paraît que la lune veille sur le renard qui traverse les haies
sur le chevreuil qui oublie le tracé des chemins
sur le blaireau et le loup qui n’est jamais si loin
qu’il ne hante de nouveau les mémoires paysannes
Mais j’ai préféré, assise dans mon lit d’un soir,
écouter la causerie des boiseries de la vieille maison
Les parquets y font des signes discrets quand tout le monde dort
De sévères aïeux descendent des cadres et promènent leur généalogie
de la cuisine au grenier dans une odeur de pommes déchues
Pourtant, au détour des fourrés et des toits vieillis, des ossuaires et
des monuments aux morts, près des blanches vaches au tendre cou,
j’ai aussi entendu un homme
que la campagne rendait fou
à l’idée qu’un Sarrazin, qu’un Byzantin, qu’un Ostrogoth
pourrait fouler avec d’autres sabots
le sol de ses ancêtres
C’est que voyez-vous, nulle terre n’est parfaite
mais à un homme lié d’esprit répond un homme que toute racine libère
et qui sait ce qu’il donnera à ses enfants
l’amour…
La Lorraine le mérite. Bravo, Colette !
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OUi ! Merci, Gilles 🙂
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