L’Elbe ne nous parlerait pas
si nous ne marchions en silence
tandis que les murs grelottent
et que le ciel s’éploie
J’ai vingt ans derrière toi
tes cheveux de feuille ourlent les rives
Sucre, cannelle, pavés, vin chaud
l’ombre de Kepler, de Kafka,
de Charles IV nous précède
et le temps a fui
là-bas
Plus loin encore, de grandes faces de briques
et d’austères murailles
narguent les arcatures lilas, vert d’eau,
délicatement rosées
La nuit est si profonde
que nous la poursuivons
jusqu’aux grands rideaux
qui protègent notre repos
Mère ou fille
nul ne sait qui veille
sur cet intime tableau