C’est un repas où, autour de la table, sont placés des gensqui ne te reviennent pas
Celui qui a très envie de manger regardera les plats sur la nappe et pensera uniquement à remplir sa panse.
Celui qui tient à être aimé se glissera avec précaution entre deux convives et tentera de se faire une raison.
Il n‘y en a pas pour si longtemps et ensuite, et peut-être, il gagnera là un avantage.
L’esseulé un peu naïf, pour qui une saine parole est aussi nourriture, aura du mal à partager le pain de personnes avec qui il se sent très mal, à qui il a envie de crier de se taire, de mieux regarder leur colère, leur précipitation à honnir, leur brutalité. Ou leur prétention de savoir.
Je suis de ces personnes regardantes. À ma table, si simple soit-elle, je ne reçois pas de haineux, ni d’outrecuidants. Les bas instincts, les miens comme ceux des autres, sont priés de rester sur le paillasson où rien ne les fera prospérer.
Le bon air se cherche loin en ce moment, mais il mérite d’être trouvé.