Le dimanche, la rue se réjouit d’être seule, enfin
Son dos vicié de maisons louches, coquilles pleines à ras bord
accrochées à ses reins humides, cherche le repos
C’est le moment où d’industrieux Bernard L’ermite
quittent subrepticement leur gîte
en quête d’un paradis lointain
Comme eux, je laisse ma clef sur la porte
Je hume au bout du périphérique
la sinueuse odeur d’un port
Je cours, le plus vite que je peux
pour fuir mon ombre lourde et lente
Je fais l’oiseau, perchée sur un mur,
une jambe levée, mes bras en piètres balanciers
Mais toujours me retient ce petit quelque chose
qui m’interdit d’être pirate
Faudrait-il que d’un œil unique j’entrevoie
le miracle de ce monde ?
La rue peine à se défaire de moi
qui la piquette et l’importune
de mes talons pointus pressés
Allons, chante, ruban pavé
réveille dans tes souterrains
la noire Rize et le fretin
des gredines et des gredins
que le dimanche jetait
en jupons et chemises
dans tes deux bras de mouise