Jamais je ne voudrais, enfants,
devenir la dame dont vous diriez avec regret
« il était temps qu’elle parte » ou
« elle n’était plus que l’ombre d’elle-même »
Moi, je voudrais rester épaisse, opaque
suffisamment pour exister
garder dans mes muscles, dans ma tête
la densité du vouloir
conserver la joliesse fougueuse du désir
ou bien tirer ma révérence
en grande dame de jadis
Quelle puissance d’amour est-elle vraie
quand d’autres ne nous manquent plus
quand leur absence soudaine s’inscrit dans nos habitudes ?
Qui sommes-nous donc ?
Vivons, puisque la vie est là !
Aimons, si nous en sommes capables
ou taisons-nous !
Jamais, je ne voudrais, enfants,
dans vos cœurs ardents et sûrs
faire battre autre chose
que l’écho d’un amour plein