Trois pantalons, deux pulls et des chemises
battaient au vent près d’un pont noir
En face des Archives, deux hommes surveillaient
cette étrange lessive et je passais
retenant mes pas, comme si j’allais
pénétrer dans leur maison
Les rues sèment en cette saison
des tentes et des cartons
dans d’improbables lieux
que seul le piéton embrasse du regard
Là où dorment les grands cars
qui sillonnent les routes provinciales
un toit vert tremble de froid
et de la crainte d’être détruit
Plus loin encore, le long des rails
où courent des trams incessamment
des enfants jouent avec le temps
et nos paresses
Parfois, le sac sur mon dos
pèse plus lourd de ces mots
que personne ne leur dit
Hommes, d’où êtes-vous parti s
vous que rien ne retient
et à qui personne
n’ouvre un abri ?