Revoir Paris

En sortant du train, je regardais la nuit

jouer distraitement du bout du pied

avec de grandes ombres et des fleurs de lumière

Le quai était bondé, plus de valises que d’hommes

Un père berçait sur son cœur un petit être replié

Une femme au regard d’effraie pivotait sa tête-phare

et balayait de son œil spectral les verrières embuées

La lune s’est couchée sur ma main

quand je l’ai cueillie en sortant

nue, sans étoiles ni effets dans un ciel crevé d’ennui

Régnait une douceur tropicale, légèrement moite et surie

Derrière son étal, un front brun comptait ses sous

Un grand bras maigre tranchait à vif dans une colonne de chair

Je marchais, bien lentement, appliquée à réussir chaque pas

à inventer la route qui mènerait à un chez moi

asile transitoire, peu espéré, soudain haï

puisque mon cœur est resté accroché dans un square

à une petite branche de buis

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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2 commentaires pour Revoir Paris

  1. Magnifique, bravo!!!

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