Je m’appelle Colette, et si mes parents avaient eu de l’imagination, je me serais peut-être appelée Epigénèse, ce qui m’aurait donné d’intenses sujets de méditation. Parfois, quand je déambule, je pense soudainement que je suis en train de mouvoir par la seule force de ma volonté quelque chose comme cent mille milliards de cellules qui se tiennent harmonieusement. C’est magnifique, puisqu’il est rare que je trouve ne serait-ce qu’une ou deux personnes avec lesquelles partager des secondes d’harmonie irremplaçable.
Je pense qu’on peut réduire arbitrairement ma personne à cet amas cellulaire plus ou moins harmonieux nanti de ses appendices et de sa capacité notoire à élucubrer. Hier, durant un long instant, un très beau machaon s’est posé à 10 centimètres de mon nez. Ce fier porte-queue, puisqu’on le nomme également ainsi, ignorait parfaitement ma présence tant il s’ingéniait à capter le nectar qui le nourrit. Mais une élégante volte-face de ces grandes ailes nous à mis yeux à yeux, si je puis dire et je me suis même arrêtée de respirer. Je me suis demandé quelle muraille de Chine, ou quelle falaise surmontée de broussailles pouvait suggérer ma tête à ce regard papillonnesque. Un citrus s’est posé sur mon genou, les papillons raffolant du parfum, et puis s’est éloigné en constatant que je n’avais rien de comestible. Mon fier machaon lui a emboîté l’aile sans hésiter.
Quand mes cellules ont réorienté leur trajectoire à rebrousse-chemin, j’ai croisé un couple qui se brûlait courageusement les fesses sur un très vieux banc de bois. Manifestement, le jeune homme contait fleurette à la jeune brunette qui semblait s’ennuyer profondément. N’est pas papillon qui veut…
Ah, ce regard papillonnesque… fantastique!!! Je t’embrase ma douce Colette.
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Merci ma belle Barbara 🙂
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