Des volets battent en brèche le soleil
qui pose toute sa gloire, à peine assis,
enfant royal tisonnant de son sceptre d’or
des toits exsangues
Les fentes des persiennes lamellent la vie
En claire-voie la lumière se rit de notre ombre
Un homme solitaire, aussi noir que ma pénombre
attend, les mains sur ses genoux, l’air qui ne vient plus
Enfant, le cœur battant jusque dans mes chevilles,
enivrée de groseillles et de cerises mûres
c’est au jardin que je dormais quand la chaleur
mordait les draps à les saigner de suées nocturnes
Je rêve la nuit de guetter sur le toit
les ailes veloutées des chauves-souris
et l’unique étoile qui perce les éclats
étanisés du grand fanal urbain
qui contemple ma veille
Mais c’est peut-être le désert
rongeant de son ocre
les vantaux de mon cœur
qui me donne cette soif d’être
plus large que toutes les mers