Mangeant les murs de leurs tranches rangées
blanches et dociles
de leurs dos habillés de douces peaux lustrées
ils étaient là, vigies, témoins, habitants silencieux
portant dans leur gros ventre de papier
des histoires de tous les temps
Dehors, sur leurs pieds de géants
les arbres moquaient ma paresse
une seule branche aurait suffi
pour que j’y fasse mon logis
d’oiseau sans queue ni tête
Ce qui parle dans les jardins
a plus de voix que mes refrains
La persistance de la terre
à soulever par ses bras racinaires, ses mottes
ses pierres, ses eaux, sa boue,
nos tentatives d’ordre, m’a paru aussi fraternelle
que les livres qui portent la maison
sous la grande lumière du ciel
Cela existe, me disais-je avec délectation
cela est aussi vrai que ton désir de vivre
et que le toit du monde soit ta maison