Puisqu’il n ‘existe guère aujourd’hui de journée
qui ne soit baptisée d’un nom plutôt douteux
je célèbre aujourd’hui dans mon coin silencieux
le jour du rien, un jour sans, rieur, déshabillé
qui n‘en fera qu’à son absence de queue et de tête
un jour farceur et paresseux sans panonceau
ni chaland ni vedette, ni crieur de talents
ni panégyriste à la petite semaine
ni glorificateur, ni dénonciateur du tout hideux
En somme, un jour qui se suffira à lui-même
avec son léger cortège d’aléas et de fantaisies
un qui se débridera sans tambour ni trompettes
et dans lequel, joyeuse, je glisserai mes pas
Le nez en l’air, humant, libre, l’instant
la gloire de la feuille racontant l’arbre et le vent,
l’autre, le temps perdu qui sait toujours se refaire
une santé de fer pourvu qu’on l’oublie un peu
J’ai fermé ma trousse, la clef bâille sur la porte
un fouillis tiède et doux habille mon parquet
Des nuages patients guettent sans insister
ce matin que rien ne viendra donc troubler