Parfois, la nuit, un grand bandit noir s’empare de mes rêves
Sa botte sur ma bouche pèse de tout son poids
Par un étrange sortilège, il fend ma poitrine d’un doigt
en sort facilement une table et des chaises
S’installent tour à tour inquiets et tourmentés
quelques vieux rêves étiques qui secouent leur poussière
un enfant–oisillon au regard étonné
une grande femme blonde riant derrière sa main
un homme qui ne reste pas
Ainsi muselée, moi, je cherche en vain
à faire entendre ma voix
La femme me regarde, cruelle et dévastée
caresse ma joue blanche de son ongle charbonneux
il pleut de ses cheveux mille pantins enrubannés
un train mélancolique, une voiture fermée
une rivière qui fuit derrière l’homme qui court
et quand enfin l’air me revient
tandis que le voleur avec son sac bien plein
enjambe la fenêtre
Sur moi se couche indolemment la grande femme blonde
et nous ouvrons les yeux, ensemble