Lorsqu’il est de plomb le soleil s’impatiente
et pèse de tout son poids sur des nuques pliées
Sur la place que le grand Louis chevauche
sans souci républicain de blanches tentes s’amoncèlent
50 pays y rêvent de leurs atours, de leurs belles femmes
de leurs beaux mâles frappant d’un talon conquérant
une scène rôtie et des témoins vibrants
Venus des quartiers, des rues dont le nom ne leur dit rien
des heureux brandissent de petits drapeaux
leur pays est là, sur un petit plateau
où quelques gourmandises s’épicent sous la langue
Un vieux moujik me tend, on ne sait pourquoi
un caramel plié dans un petit papier bleu
Une Roumaine blanche et hautaine refait sa coiffure
et sous son ombrelle une Chinoise d’un âge vénérable
offre son sourire de porcelaine, ses deux chevilles croisées
socquettées de la neige du pays du soleil levant
Après ces fêtes consulaires, longeant des quais
que d’incessants travaux rétrécissent
j’ai rejoint des amis aux Subsistances
qui portaient hier soir trivialement leur nom
La mère Brasier, Philippe Bernachon et la maison Bouillet
y vendaient des délices Ô combien discutables
maigrement servis et chèrement gagnés
auprès d’étals fleurant bon le safran, la coriandre, le piment d’Espelette
et cette odeur grasse qu’on ne sent qu’en pays
où la chair surabonde même par trente degrés
Sous l’œil élargi de la lune, 4 promeneurs
à peine pansus et déjà trop nourris
étendirent ensuite les longs fils de leurs jambes
D’autres guiboles mangeait les trottoirs
sous des tables de bars tristes comme des fins de soirée
Marchez encore, amis, marchez encore
que le soleil prenne tout son temps pour s’embraser