Pour ne pas dire

Nous tous, pères, mères, fils, filles de

nous tous marchant sans fin dans notre territoire

reliés par le réseau de nos veines

par la ressemblance tacite de nos corps

têtes, troncs, bras, jambes,

ventre, fesses, os, muscles, gras

Dans le jardin, le chat m’a dit qu’il s’agit d’un conte

que lui-même  lorgne d’un œil suspicieux

le mâle adolescent et velu qui griffe son arbre

totem vernaculaire de sa féline possession

Nous tous, et nos maisons, nos meubles, nos sacs

nos chaussures, nos  estomacs, nos fois, notre faconde

Nous tous et notre langue véhiculaire assoiffée

Mon luxe n’est pas de cuir, ni de soie ni de jaspe

ni de  secrètes convictions, il est ce temps qui me regarde

Tout en moi doute et mute, coule sans façons

réclame sans colère l’idée d’un monde doux

le cordon qui attache mon cœur à d’autres pas

L’arbre en bas de chez moi bien qu’il sèche d’ennui

et se languit d’une pluie plus désirée qu’un amour

est plus sage que nous, que moi qui ne crois pas

être moins immobile ou végétale que lui

quand  que manque la sève de l’envie

d’être très simplement un homme

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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2 commentaires pour Pour ne pas dire

  1. Magnifique et si plein de vérité ! Merci pour ce partage.

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