Tu dis à un homme que la vie est là saisissable, ardente, pure, vraie
Tu dis à un homme que tu veux de la lumière et de la musique
et l’épée d’Excalibur pour déchirer le costume du réel
Tu lui dis que les fins de mois pourraient bien être le début de quelque chose
par exemple, cesser de croire en ton immortalité et devancer l’appel de la vie
Tu dis à un homme que tu t’ennuies, ton cœur sur le porte-manteau prend la poussière,pour la dixième fois ton voisin t’a demandé si tu allais bien et tu as eu envie de lui accrocher son chat autour du cou et de serrer très fort alors que d’ordinaire tes pensées sont plus fourrées de douceur qu’un chocolat
Tu dis à un homme que tu deviens irritable, par moments ; dans ton crâne quelque chose d’urticant grattouille avec entrain et tu n’as souri que deux fois et demie, ce qui est fort peu.
Tu dis à un homme que l’hiver chante avec un son prenant, un octobasse qui s’enroue de brouillard divin et la ville verrait pousser des ombres salutaires, si seulement il vous prenait envie de partir
Tu dis à un homme que ta maison pourrait être ses épaules, juste le temps d’y percher un rêve
L’homme t’écoute en souriant, il regarde sa montre, il te dit « pas maintenant »
C’est que le temps d’un homme, ça compte, tellement vite que même en courant, ta parole ne suffirait pas à le suivre, tant il vaut plus d’argent
que les paillettes de ton rire