Nocturnale

J’ai rêvé qu’un homme que j’aimais

me recevait dans un salon vide et rouge

haut et large château-arrière d’un navire de béton

voguant sur une dense canopée

Le parquet, également teinté de pourpre

comme du sang des outragés

refusait hardiment la morsure du soleil

Dans un angle, surgi de mes propres chimères,

un être jeune et maigre dormait paisiblement

tranquille et souriant, ses cheveux reposant avec lui

sur une plage de draps blancs flottant entre deux airs

Puis une enfant vint se blottir, légère et sombre

dans ma chemise, contre mon cœur exactement,

brûlant ma peau de son souffle précis

et tout en me parlant avec la sagesse d’un vieux père

elle diminuait, presque invisible, et menaçant

ma grande joie d’être vivant

Alors le salon, contractant ses entrailles cerise

m’expulsa, me jeta dans les airs, me jeta dans la mer

de grands arbres voluptueux et féroces

cruellement campés sur leurs dures racines

et je m’éveillai brusquement

tandis que le ciel mordillait sans envie

le toit de ma propre maison

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
Cet article, publié dans Les poésies de Colette, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Nocturnale

  1. Jeandesantec dit :

    Bonjour
    Ce texte est poignant, chargé d’une grande force qui me semble visionaire

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.