Je n’attends pas
La seule sagesse que je porte occupe un espace restreint
un interstice dérisoire coincé derrière mon hippocampe
Je n’attends pas
Mes doigts crochus de pénélope refusent de pincer du fil
Le rouleau de ma toile s’effiloche, sur mon métier tout dort
Je n’attends pas
Les chemins sèchent vite sous le soleil qui luit
La pluie s’enfuit déjà que mes pieds non chaussés
derrière une porte sèche refusent de marcher
Je n’attends pas, car tout me presse
Sur le tapis, un petit tas de promesses
stériles et desséchées me sont vent et poussière
Je n’attends pas, car tout me blesse
Ma seule ambition, c’était toi, eux, nous
dans un grand bouquet d’allégresse
Je n’attends pas parce que dehors m’attend
Et c‘est bien lui que je préfère avec sa cape de pirate
sa barbe de mille jours, ses joues creuses de faim
Je n’attends pas, je ne veux rien que le grand ciel
autour de moi, que ne rien savoir de demain
Je n’attends rien