Je n’ai rien oublié
J’ai choisi de garder
pressé entre deux feuilles
le parfum délicat
d’une longue journée
Le soleil bousculait
au-delà des corolles
d’un grand coquelicot
un papillon usé
Aussi près de la ville
un étang solitaire
étalait à mes pieds
son grand œil ouvert
Je n’y ai vu que l’ombre
du temps qui filait doux
sous la férule de l’été
Je n’ai rien oublié
Parfois les murs s’écartent
la grande haleine du jour
me trouve tapie tel un chat
capturant la chaleur
L’eau jaillit, l’herbe pousse,
l’arbre bouscule ma maison
et lorsque je sors enfin
du coffre-fort de ma raison
sur ma table, fragile,
l’aile du papillon
dessine un regret éternel