A la fenêtre, la passiflore tend, coquette, son feuillage maigri à la pointe d’un rayon.
Je fais comme elle, en pyjama, ma blonde tête dépeignée poussant sur un cou de héron
En haut, le ciel défroisse son pantalon et étire d’impeccables pans bleus
En bas, la rue s’étonne du vide
A droite une croix verte scintille, oubliée
A gauche, deux voitures roulent très doucement
Il me semble qu’au jardin, tout à l’heure ce sera bien
Les fleurs y persistent, non policées, depuis que la main d’Émilie
a desserré son étau
Il y pousse aussi des vélos et des cordes, des pots ébréchés, des sandalettes
Et sur la corde à linge des chaussettes esseulées qui ont connu des jours meilleurs
J’y descendrai quand le ciel appellera plus fort, ce qui viendra très vite
Je ne toucherai à rien, j’attendrai que la lumière dessine mon ombre à mes pieds
Je parlerai au chat compatissant et aux escargots nouveau-nés
Je chanterai comme les enfants, bouche fermée
en appuyant mon dos au gros tilleul qui dort
Moment zen…
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