Cette nuit, j’ai compté
les yeux grands ouverts
dans l’ersatz de nuit
Il était, je le sais, 1 heure trente trois
De l’autre côté du mur
Tania appelait « maman, maman ? »
comme elle le fait toutes les nuits
Je comptais
Toutes les 20 secondes
une échappée de plus
Voiture, moto, vélo, piéton
Musique, voix, freins, accélération
Toutes les 20 secondes
Une chouette de ville
Un Nosferatu du pavé
Et les mains sur ma poitrine asphyxiée
Je comptais
Que cherchaient-ils ces évadés ?
Alors je me suis imaginé
Les rues, les trottoirs, les ponts
La bouche du métro, les jardins étiques
Livrés seuls et nus à ma seule avancée
Je me suis vue courant bras écartés
criant dans le vide, je me suis vue
désertant ces lieux de pâle réclusion
Je me suis vue empoignant le bras fort
d’un rare fantôme lucide pour lui dire
Serre-moi plus fort, ne me laisse jamais partir
Il était une heure trente trois
Tous avaient fui et moi
Et moi
Je restais là
Peut-être que le manque
n’était pas assez fort ?