J’ai mangé la nuit, sous la pluie, sans laisser la moindre trace
Elle avait un petit goût de suie, de mûre sauvage et de crasse
Elle portait des relents d’ennuis, et quelques filaments de grâce
Dans mon ventre d’ogresse nue et jamais rassasiée de rien
Elle s’est pleinement étendue jusqu’aux brumes du matin
J’ai dans l’estomac une étoile qui pousse ses pointes aigües
Une comète dans mon crâne, de grands trous noirs dans mon cœur
Et cela fait un bruit du diable, un remue-viscères soutenu
Je voulais grandir comme elle, opaque, sombre, sans retenue
Étendre mes grands bras sans ailes sur une ville disparue
Mais je crois bien qu’elle me digère dans son vortex frémissant
Devenue moi, elle prospère et je m’éloigne en gémissant
De plaisir doux et amer tandis qu’elle s’assoit devant la fenêtre
Où la pluie persiste dans ses chuchotements
Quel texte magnifique, sensuel, avec une pointe d’inquiétude et de merveille. C’est beau, ça fait du bien. Merci ❤
J’aimeJ’aime
Merci Marianne, j’écris si peu en ce moment, juste ce qui est intense, alors je suis touchée de ta sensibilité à ces mots.
J’aimeJ’aime