Nuit

J’ai mangé la nuit, sous la pluie, sans laisser la moindre trace

Elle avait un petit goût de suie, de mûre sauvage et de crasse

Elle portait des relents d’ennuis, et quelques filaments de grâce

Dans mon ventre d’ogresse nue et jamais rassasiée de rien

Elle s’est pleinement étendue jusqu’aux brumes du matin

J’ai dans l’estomac une étoile qui pousse ses pointes aigües

Une comète dans mon crâne, de grands trous noirs dans mon cœur

Et cela fait un bruit du diable, un remue-viscères soutenu

Je voulais grandir comme elle, opaque, sombre, sans retenue

Étendre mes grands bras sans ailes sur une ville disparue

Mais je crois bien qu’elle me digère dans son vortex frémissant

Devenue moi, elle prospère et je m’éloigne en gémissant

De plaisir doux et amer tandis qu’elle s’assoit devant la fenêtre

Où la pluie persiste dans ses chuchotements

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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2 commentaires pour Nuit

  1. Quel texte magnifique, sensuel, avec une pointe d’inquiétude et de merveille. C’est beau, ça fait du bien. Merci ❤

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