L’homme ne se tait jamais
C’est ce que m’a dit le vieux fleuve
En étirant paisiblement ses clapotis
Près du canal et des grands joncs
Je le regardais, immobile,
Cachée dans un maigre fourré
Ayant cueilli herbes et cailloux
Dont j’avais fourré mes poches
Le monde repartait, sans moi,
J’étais heureuse de laisser
Par-dessus mon épaule sa vindicte
Sa presse, sa saleté, son vacarme
Dans ma main, un galet poli
Par la grande bouche du Rhône
Reflétait mes propres batailles
Son usure et le grain de mes folies
Je l’ai reposé parmi ses frères
Pendant qu’en toute hâte
Un agrion jouvencelle
Chassait de son territoire
Une libellule ennemie