La nuit parle depuis ma fenêtre
A minuit, dans la touffeur des rues
Tous ceux qui ne dorment pas
Se racontent à voix haute
J’apprends ainsi les amours de Sybille
L’angoisse de Tonino
Les peurs d’Euphrasie
Pierre ne parle plus à sa femme
Jean-Baptiste a perdu son chien
Les mots fondent à peine dits
Mais derrière mes yeux clos
J’imagine des visages
Parfois je me relève
Et j’étudie des dos
Plus éloquents qu’un portrait
Est-ce parce que les gens
Ne se parlent plus
Qu’ils soliloquent dans le vide ?
Un rire monte souvent, aigu
Comme l’absence d’un père
Ces voix me bercent et je m’endors
La chaleur enracine dans la rue
Les humains qui n’ont pas de port