Les doigts dans la terre, dans les cailloux, dans l’herbe
Les ongles noirs, tâchés, sol foré, les mains gelées
Imprimées du froid de l’hiver
Je creuse, je touille, je tripote, je malaxe
Je palpe, je triture, je concasse
Quand me vient une furieuse envie de réel
Dans le jardin, les arbres reposent
Pendu sous un abri vétuste mon vélo s’ennuie
Un palmier se dessèche, un tronc se desquame
Je ramasse des herbes qui ne servent à rien
Pour humer leur parfum mouillé et languide
Ainsi, j’aimerais saisir ton visage
Mis à nu, ravaudé, taffeté de douceur
Étrangement lavé de frimas et de gel
Planter mes dents, ancrer ma bouche
Pour ne sentir que l’âpre vérité
De nos chairs